Beauté
"Qu'il se laisse à nouveau, peu à peu, gagner par la beauté. Un arbre, la façon dont la ramure dessine contre le ciel un entrelacs très fin, aléatoire.C'est beau parce que c'est. Voilà. C'est tout.Contempler ces branches-là, ces feuilles-là, rien d'autre. Juste ce qui s'offre.Il n'y a aucune intention dans un paysage,il n'y a aucune intention dans la ramure d'un arbre et ça , c'est un repos. S'absorber totalement à regarder. Se rendre.Sa façon de retrouver la paix."
Jeanne BENAMEUR, Profanes, Actes sud
amarylis
Piet MONDRIAN dans sa période fauve a magnifiquement rendu la beauté éclatante de cette fleur qui en ce moment illumine notre salon.
Chaque jour j'ai suivi la préparation de ce feu d'artifice jusqu'à l'éclosion des fleurs
Sortir en boîte... de couleurs
Au hasard des rues d'Azemmour, ma rencontre avec des personnages tantôt rééls tantôt fictifs engendre l'échange et à chaque fois l'émotion est grande...
Parlez-vous chat?
"Observez un chat dans la maison par une journée pluvieuse. Ne le perdez pas de vue. Vous pouvez l'imiter si cela vous chante. cette façon qu'il a d efrôler les chaises ou vos jambes. Ces yeux mi-clos qui vous poussent à vous demander à quoi il peut bien penser en ce moment. Il se tient droit, en rapprochant ses quatre pattes vers un seul point, comme s'il était en train de garder un tombeau de pharaon. Puis sans se presser, il passe d'une pièce à l'autre, pour revenir plus tard à son point de départ. Cette mouche verte a semblé l'intéresser un bref moment, mais il change d'avis et cherche plutôt à attraper son ombre. Une idée chez lui ne fait pas long feu. Ce chat est un caprice ambulant. Ainsi il nous divertit. Il se déplace sans bruit avant de bondir vers la nappe qu'il tire à lui de toutes ses forces. Il reste un moment suspendu la tête vers le bas. Un silence. Il vous jette un regard implorant, mais refuse la main que vous lui tendez. Finalement il saute par terre en faisant, avec une grâce incroyable, ce numéro très compliqué que lui aurait envié un gymnaste olympique. Il sort de scène tranquillement, se retourne près de la porte pour vous jeter ce coup d'oeil méprisant. Il semble scandalisé par le fait que vous ne parlez pas chat. Il me fait penser à ce jeune américain qui me disait son étonnement, durant ces voyages à l'étranger, de tomber sur des gens qui ne parlaient pas anglais.Ce n'était pas là un point de vue colonialiste. Il ne croyait pas que l'anglais lui appartenait en propre. Il pensait l'avoir appris comme tout le monde, car ce qui est bon est à tout le monde. Pour lui c'était la langue du genre humain - les autres langues étaient des langues maternelles. Vous ne parlez pas chat? Vous avez tort car cela aurait fait de vous un meilleur écrivain."
Dany Laferrière, Journal d'un écrivain en pyjama, Grasset, 2013.
Ce jeudi 12 décembre, l'écrivain haïtien Dany Laferrière a été élu à l'Académie française. Et ce dès le premier tour par 13 voix contre 23. Il succède à l'auteur argentin Hector Bianciotti décédé en 2012 et occupera le fauteuil numéro 2, celui d'Alexandre Dumas qui lui aussi avait des origines caraïbéennes.
Pour la petite histoire...
Chefchaouen est une ville du nord ouest du Maroc, bâtie à 600 m d'altitude au pied des monts Kelaa et Meggou, qui forment le jebel chaouen, sur la chaîne du Rif.la ville a été fondée en l'an 876 de l'hégire, 1471 de l’ère chrétienne.
Initialement instiguée en 1415, Chefchaouen est achevée en 1480 par le chérif Ali ibn Rachid Alami, de retour d'un séjour guerrier dans le royaume de Grenade1. La ville accueille par la suite une population composée principalement d'Andalous puis de Morisques et demeure interdite aux Chrétiens sous peine de mort. Seul l'explorateur Charles de Foucauld brava l'interdit en 1883.
Entre 1471 et 1561, la ville est gouvernée par la dynastie des Banu Rachid, descendants de son fondateur, nominalement vassaux des sultans wattassides, et sera réunifiée au Maroc par les Saadiens.
En 1920, les Espagnols s'emparent de Chefchaouen, laquelle sera ensuite bombardée par les troupes de Franco. La ville ne fut rétrocédée au Maroc qu'en 1956, suite à l'abrogation du protectorat.
Chefchaouen compte un important patrimoine religieux : 20 mosquées et oratoires, 11 zaouïas et 17 mausolées. Ceci lui a valu le nom de El-Madina Es-Saliha (la Ville sainte).
http://chaouen.ma/Accueil/tabid/723/Default.aspx
Sur la route du Nord
Les habitations blanchies à la chaux comme des gemmes brillant sur l'écrin du paysage qui défile ...




amazzal, l'aigadier
Autrefois, le lancement des labours en automne était assuré par des lignages sacrés (Chorfa, Mourabitine ou Igurramen). Au printemps, l’amghar n tuga, littéralement « le chef de l'herbe », une espèce de garde champêtre, était élu dans les régions berbérophones (Moyen Atlas, Haut Atlas oriental, oasis). Dans les régions arabophones, on l’appelait cheikh al-mazràa. Différent de l’amghar ou cheikh (le chef politique), mais travaillant sous sa supervision, il réglementait les moments de mise en défens selon les récoltes, traçait pour ce faire les itinéraires à emprunter dans les champs pour éviter toute dégradation des cultures, notamment les trajets que devaient suivre les bergers qui assuraient la garde du troupeau collectif (tiwili) (Mezzine 1987 : 203, 219-220). Il veillait à la répartition de l’eau d’irrigation et fixait les moments des récoltes. Tout contrevenant aux délais fixés était passible d’une pénalité. (ref)
Ce matin-là, nous avons croisé le chemin de l'aigadier (amazzal) qui ouvrait ou fermait les seguia, petits canaux d'irrigation, veillant à la répartition de l'eau suivant le droit coutumier pour l'arrosage des parcelles.
Un matin
Dès le matin, par mes grand'routes coutumières
Qui traversent champs et vergers,
Je suis parti clair et léger,
Le corps enveloppé de vent et de lumière.
Je vais, je ne sais où. Je vais, je suis heureux ;
C'est fête et joie en ma poitrine ;
Que m'importent droits et doctrines,
Le caillou sonne et luit sous mes talons poudreux ;
Je marche avec l'orgueil d'aimer l'air et la terre,
D'être immense et d'être fou
Et de mêler le monde et tout
A cet enivrement de vie élémentaire... Emile Verhaerren
Village
Des murs de terre, de vastes toits
Un gué, des sentes passagères,
et la mosquée messagère
rose dressée de la foi.
Les étables et les maisons
au creux de l'ocre se terrent,
dans l'ombre dort l'araire.
Les amandiers sont noirs au tronc.
Sous les parois de pierre,
la nuit s'éclaire
de mille fleurs stellaires.
Grain