TISSER L'HISTOIRE
De nouveau la nuit flambe de douleur. Les lumières violentes se
croisent dans le ciel. Sur la mer obscure d'autres vents naissent. La
fumée poussiéreuse s'élève de la terre comme un château de soie
victorieuse. Cette fumée dessine parmi les nuages d'autres holocaustes
menaçants. Les ongles délicats des amants ravagent les chemins,
blessent la terre, laissant passer l'herbe qui désire fleurir. Faisant
route vers des terres inconnues, des hommes et des femmes, malheureux,
vieux, malades doivent encore marcher attendant le soir ou l'aube qui
les sauvera. En chemin, ils creusent la terre, laissant tomber une
larme et de nouveau la nuit flambe de douleur.
PORFIRIO MAMANI, NUIT II
"Les migrations témoignent d’un monde qui
bouge et qui se recompose sans cesse. Un monde où les cultures se
rencontrent, s’ influencent, tissent l’histoire d’une terre.
Paradoxalement à cette ouverture actuelle sur le monde, les migrations
disent aussi les entraves à la liberté de circuler des uns face aux
murs protecteurs des autres.
Regarder le monde sous le prisme de nos ressemblances, c’est l’envisager différemment et en commun. Comme une commune humanité." (CLAE)