sous la tente
La Khaïma
ou tente berbère est utilisée par les tribus ou pasteurs nomades. Cette tente noire, appelée «bayt esh-shacr», littéralement «maison de poil» est, de très loin, l’abri le plus répandu. Rapidement montée ou démontée, elle s'adapte au climat et convient aux déplacements saisonniers motivés par la recherche de pâturages.
Cette tente marocaine est faite d'étoffes de teinte très sombre, ornées de
motifs géométriques. Ces figures à dominantes de losanges, de triangles et de
chevrons, sont connues pour leurs vertus prophylactiques.
Le toit est formé d'un vélum fait d'étroites bandes tissées, en laine et en
poils (flij), cousues bord à bord.
Cet assemblage de bandes de laine brune est soutenu par une structure en bois.
Le tout est bien tendu grâce à de longues cordes et des piquets. L’ensemble de
cette armature donne à la tente des pentes assez prononcées. Cet abri est par
ailleurs muni de parois destinées à isoler l’intérieur de l’habitation du vent
et du froid. En saison froide, il est parfois doublé intérieurement d’un second
vélum en coton blanc (benye).
L'entrée est surmontée d'une extension, qui tient corps au voile, et sert pour
recevoir.
L’arrière de la khaïma est muni d’une paroi en tissu (rwâg) faite de trois ou quatre bandes tissées, avec alternance de couleurs foncées et sombres. Des perches soulèvent les bas-côtés. Une pièce tissée ferme la tente pour la nuit. Cette « maison de poil » est toujours montée dos au vent. L’orientation générale place son ouverture au sud-ouest et l’arrière de la tente au nord-est, direction dangereuse, la plus menacée par les « gens du vide » (jnoun).L’espace intérieur de la tente est aussi organisé avec soin. Il est divisé en deux parties. Une cachée, à l’ouest, est réservée aux femmes et à tout ce qui relève du monde féminin. À l’est sont installés les hommes et les visiteurs masculins. À la naissance d’un enfant, les orientations sont modifiées.
La séparation entre les espaces est opérée en entassant les bagages de la tente, le long des deux poteaux principaux. Parfois, en présence d’un hôte, une belle étoffe tissée, peut être ajoutée, à l’image de celles des tentes des tribus berbères du Moyen Atlas.
La khaïma a une dimension symbolique qui en fait une représentation métaphorique du corps féminin qui s'exprime à travers le vocabulaire de la tente. La métaphore est scellée symboliquement par la présence du « collier du lait » de la tente. Ce symbole féminin de la fécondité, orne le haut de la tente, là où s’articulent les poteaux qui ont pour leur part une forte connotation masculine.
Au Maroc, de vastes régions restent parcourues par des
nomades berbérophones. Dans le Sud marocain, l'importante confédération des Ait
Arta maintient entre les groupes arabes du Tafilalet et les Regueïbat du Rio de
Oro un nomadisme berbère de grande envergure. Plus restreints sont les
déplacements des tribus Berbères (ou Imazighen) du Moyen Atlas: Zayan, Beni
M'Guild, Ait Seghrouchen.
Les Zayanes vivent au Moyen Atlas dans la région de Khénifra. Ils occupent
l'espace géographique du bassin d'Oum Errabia. En perpétuel déplacement à la
recherche des pâturages, leurs tribus se déplacent deux fois par an, en hiver
vers l'Azaghar où les conditions climatiques sont clémentes, en été vers le
Jbel. Leur habitation est la tente tissée en poil de chèvres.
(in le nomadisme n'est pas une errance)